Belgique

Péruwelz occupe toujours sa place de ville frontière et le XIXe siècle s’annonce tout aussi prospère. Sa population s’accroît et l’urbanisme gagne du terrain. Progressivement, la cité est desservie par les moyens de communications les plus contemporains c’est-à-dire la canal (1826) puis le chemin de fer (1867).

 

Au milieu du siècle, plusieurs années de famines (1845-1847 et 1853-1855) causées par les mauvaises récoltes dans la campagne flamande, amènent une migration de ces populations vers notre territoire qui est en pleine expansion et qui est demandeur de main d’œuvre.

  • 1839 : le Traité de Londres attribue le Hainaut au nouveau royaume de Belgique (Province de Hainaut).
  • 1914 (octobre) à 1918 (8 novembre) : installation d'une administration allemande pour gérer le territoire.
  • 1976 : fusion des communesPéruwelz devient le chef-lieu d'un territoire administratif de dix anciennes communes (Baugnies, Braffe, Brasménil, Bury, Bon-Secours, Callenelle, Péruwelz, Roucourt, Wasmes-Audemetz-Briffoeil et Wiers).

 

 

Le dernier fait majeur pour Péruwelz remonte au 1er janvier 1977. Après une refonte administrative des territoires, la fusion des communes est rendue opérationnelle.

 

 

Désormais, à la Ville de Péruwelz, se greffent les anciennes communes de Baugnies, Bon-Secours, Braffe, Brasménil, Bury, Callenelle, Roucourt, Wasmes-Audemez-Briffoeil et Wiers.

La seconde guerre mondiale

Invasion allemande (10 mai 1940)

L’invasion de la Belgique fait partie du « plan Jaune » allemand (l’offensive de la bataille de France). Le 10 mai 1940, les fortifications belges du canal Albert sont rapidement prises. En quelques heure, le fort d'Eben-Emael, tenu par 1200 Belges, tombe et la plupart des avions sont détruits au sol par la Luftwaffe.

 

Les Ardennes belges, pourtant réputées infranchissables, sont très rapidement traversées par les divisions blindées de la Wehrmacht. Cette avancée des armées allemandes cause un mouvement de panique au sein de la population. Dès le 11 mai, les habitants fuient et entravent les mouvements de troupes alliées qui se dirigent au Nord et à l'Est. Près de deux millions de Belges optent pour l'exode.

 

Des civils du Péruwelzis décèdent (voir la rubrique "mémoire des Deux Vernes").

Des réfugiés originaires d'autres communes sont également tués sur notre territoire.

 

L’armée belge : la « campagne des 18 jours »

Les soldats belges résistent aux troupes allemandes qui déferlent sur le territoire durant 18 jours. Très rapidement, ils sont repoussés et finissent par se concentrer au Nord-Ouest. Le 28 mai 1940, l'armée se retrouve confinée dans une petite poche cernée par la Lys.

 

En qualité de chef des armées, le roi Léopold III annonce, sans consulter le gouvernement, la capitulation sans condition de la Belgique (28 mai 1940). La Belgique est désormais occupée.

 

La campagne des 18 jours aura fait 6.000 victimes militaires et 15.850 blessés. Plus de 112.500 soldats français et belges parviennent à rallier l'Angleterre via Dunkerque. Mais la plupart sont envoyés en captivité en Allemagne, beaucoup de ces prisonniers de guerre ne revinrent que cinq années plus tard.

 

Plusieurs soldats issus de nos communes trouvent la mort durant les combats (voir la rubrique "mémoire des Deux Vernes").

D'autres vont en Allemagne.

 

La situation politique belge se complexifie

Convaincu que la cause alliée est perdue, Léopold III, le roi des Belges se rend personnellement aux forces allemandes (28 mai 1940). Cette décision est vivement critiquée tant par le premier ministre français que par le gouvernement belge qui s’exile.

 

Le gouvernement part en France à Paris puis Bordeaux où il constitue le « gouvernement belge en exil ». Lorsque le gouvernement français de Pétain signe l'armistice avec l’Allemagne, il part s'établir à Eaton Square (Londres).

 

De nombreux Belges veulent défendre une « Belgique libre » et tentent de rejoindre le territoire de la « France libre » puis la Grande-Bretagne. Ils s’engagent dans les Forces belges libres au côté des Alliés. Ceux qui ne parviennent pas à quitter le territoire belge, rejoignent des groupes clandestins afin de lutter contre l’occupant.

 

A côté des belges engagés dans des groupes de « libération du pays par les armées alliées », d’autres s'impliquent dans des mouvements de lutte contre le fascisme : « Groupe G », « Front de l’Independence » ou encore « Partisans Armés ». Généralement, ils trouvent un appui auprès de militants communistes qui ont l’expérience de la clandestinité. Ils sont parfois encadrés par des anciens de la guerre d’Espagne (voir la rubrique "mémoire des Deux Vernes").

 

Tous ces mouvements de résistance sont très structurés et agissent de manière organisée. De Londres, le gouvernement belge tente d’identifier les réseaux les plus fiables sur le sol belge en vue de constituer une « armée intérieure ». L'Armée Secrète jouera ce rôle à partir de 1944. Le gouvernement craint un coup d'état communiste et tente d'isoler le groupe des "Partisans Armés".

 

La situation politique est plus délicate au sein des mouvements d’extrême droite : des liens unissent les partis fascistes européens notamment dans la lutte contre le communisme. L’occupant possède deux alliés politiques en Belgique : Rex (dirigée par Léon Degrelle) en Wallonie et la Ligue nationale flamande (VNV) en Flandre. Ceux-ci fournissent des recrues aux Allemands en proposant aux habitants de s’engager dans des forces armées sous contrôle allemand, comme la « Légion Wallonie » ou les « Gardes Wallonnes ».

 

Au sein de ces mouvements, certains veulent créer un état fasciste placé sous l’autorité du roi, resté en Belgique en tant que prisonnier des Allemands. Le gouvernement n’approuve pas ces positions et poursuit son exil soutenant l'action militaire des alliés contre l’Allemagne nazie.

 

En février 1941, l’entente au sein des mouvements fascistes belges se rompt et certains, refusant de devenir un État satellite du Troisième Reich, adoptent une attitude antiallemande. Ils rejoignent les mouvements clandestins de résistance. Les membres seront également déportés.

 

 

 

Enfin, on notera une aide apportée par certains aux populations juives résidant sur le territoire belge. Aux couvents de Bury et de Wiers, des enfants juifs sont cachés durant plusieurs mois.

 

La vie communale

La Belgique est placée sous une administration militaire, elle-même placée sous le commandement d'Alexander von Falkenhausen et d'Eggert Reeder jusqu'en juillet 1944. A cette date, ces derniers sont remplacés par le commissaire du Reich, Josef Grohé, jusqu'à la libération.

 

Les communes sont gérées par les Conseils communaux et des Collèges (réunion du bourgmestre et des échevins). Cependant, le pouvoir est restreint par un Arrêté du 26 mai 1941 dans lequel les attributions du Conseil communal sont transférées au Collège. Dans certaines communes, l’occupant allemand place des collaborateurs qui suivent leur ligne de conduite. Ces politiques sont généralement des membres du parti Rex.

 

Les communes du Péruwelzis

Dans certains villages, les archives communales ne laissent entrevoir aucunement l’entrée en guerre du territoire. Les Conseils communaux élus en 1938 restent inchangés durant toute cette période.

Baugnies

  • Bourgmestre : MAHIEU Léopold (élu aux élections communales de 1938).
  • Changements : aucun changement n’est apporté tant pendant qu’après la libération.
  • Réinstallation du Conseil communal : le 10 septembre 1944.

Bonsecours

  • Bourgmestre : DAIVE (élu aux élections communales de 1938).
  • Changements :
  • Lors de la séance du Conseil communal du 9 juin 1940, le secrétaire explique que beaucoup de Bonsecourois ont dû évacuer. Le bourgmestre est l'un de ces habitants et il n’est pas encore revenu. L’échevin GOBERT prend les fonctions de bourgmestre.
  • Le 4 septembre 1944, le bourgmestre ff demande à Monsieur Daive de reprendre son poste de bourgmestre.
  • Réinstallation du Conseil communal : le 4 septembre 1944.

Braffe

  • Bourgmestre : Idesbalde le chevalier le Maistre d’Anstaing (élu aux élections communales de 1938).
  • Changements : aucun changement n’est apporté tant pendant qu’après la libération.
  • Réinstallation du Conseil communal : le 15 octobre 1944.

Brasménil

  • Bourgmestre : Remy BOURDON (élu aux élections communales de 1938).
  • Changements : aucun changement n’est apporté tant pendant qu’après la libération.
  • Réinstallation du Conseil communal : le 13 septembre 1944.

Bury

  • Bourgmestre : César JONNIAUX (élu aux élections communales de 1938).
  • Changements :
  • Étienne TAQUET, 1er échevin, remplace le bourgmestre, César Jonniaux, décédé le 24 mai 1942.
  • Remplacement du bourgmestre par Henri VAN NEDERVELDE. Admirateur de Léon Degrelle, ce dernier est un militant du parti Rex depuis les années 1930. Il habite le château de Bitremont à Bury qui abrite un camp d’entrainement de jeunes fascistes. Il entretient de très bons liens avec les officiers allemands. Après avoir livré aux Allemands un agent secret parachuté sur Brasménil (juillet 1944), il est abattu d’une rafale de mitraillette par un Partisan Armé à la sortie de la messe (août 1944).
  • Étienne TAQUET devient bourgmestre le 20 septembre 1944.
  • Réinstallation du Conseil communal : le 20 septembre 1944.

Callenelle

  • Bourgmestre : Pierre CARTON (élu aux élections communales de 1938).
  • Changements : au décès de Pierre CARTON, Marcel ROMANS le remplace en tant que bourgmestre f.f. (jusqu’en janvier 1947).
  • Réinstallation du Conseil communal : le 6 septembre 1944.

Péruwelz

  • Bourgmestre : Lucien LEROUX (élu aux élections communales de 1938).
  • Changements :
  • La situation professionnelle de Lucien LEROUX ne lui permet plus de poursuivre son mandant de bourgmestre (de nombreux déplacements à l’étranger).
  • Le 16 juin 1940, l’aîné du Conseil communal est désigné bourgmestre ff : Victor CRETTEUR.
  • En juin 1942, désignation de René LOMBART (REX) jusqu’en septembre 1944.
  • Lucien LEROUX ne souhaite plus occuper la fonction de bourgmestre et propose de constituer un collège « tripartite » (ouverture de la majorité à l’opposition socialiste). Victor CRETTEUR est redésigné comme bourgmestre jusqu’en janvier 1947.
  • Réinstallation du Conseil communal : le 4 septembre 1944.

Roucourt

  • Bourgmestre : le Général Louis BOËL (élu aux élections communales de 1938).
  • Changements :
  • Rappelé le 1er septembre 1939 en tant qu’officier de réserve, il est prisonnier puis libéré avec d’autres soldats. Le 11 juin 1940, il reprend ses fonctions de bourgmestre.
  • En mai 1942, l’échevin Herman Lombart devient bourgmestre par délégation (il n’a aucune accointance politique avec son homologue de Péruwelz). Il occupe ce mandat jusqu’en janvier 1947.
  • Réinstallation du Conseil communal : le 31 octobre 1944.

Wasmes

  • Bourgmestre : HOCQ Omer (élu aux élections communales de 1938).
  • Changements : aucun changement n’est apporté tant pendant qu’après la libération.
  • Réinstallation du Conseil communal : le 8 octobre 1944.

Wiers

  • Bourgmestre : ROUSSEAU Charles (élu aux élections communales de 1938).
  • Changements :
  • Lucien JAMINON (parti Rex) destitue en août 1943 le bourgmestre élu Charles Rousseau pour le remplacer à la tête de la commune. Il est bourgmestre jusqu’en septembre 1944.
  • En septembre 1944, Camille CAUDRELIER (échevin) reprend le mandat de bourgmestre jusqu’en janvier 1947.
  • Réinstallation du Conseil communal : le 8 octobre 1944.

La libération de Péruwelz : arrivée des soldats américains

La 5ème Division Blindée US (Victory) arrive le samedi 2 septembre 1944 à Condé sur l’Escaut (venant de Valenciennes). Elle prend position dans la Forêt de Bon-Secours en attente de l’autorisation de passer la frontière. Des Péruwelziens les rencontrent dans la forêt et une patrouille de reconnaissance monte même la butte… Cette arrivée rapide à la frontière n’était pas « programmée » par les Etats-Majors US. L’avance de la 5th Armored Division s’explique par le repli organisé des troupes allemandes.

 

Cependant, dans la nuit du 2 au 3 septembre une Jeep quitte clandestinement le campement pour la Belgique. A son bord un caporal canadien et un belge (Paul Lion qui est « intégré » à la 5ème DB alors qu’il était travailleur forcé des Allemands en Normandie.) Ils cherchent « de la bière et des filles » … Ils ne trouvèrent que de la bière à la guinguette du « Tapis Vert » au Mont de Péruwelz…Paul Lion ne se fait connaître que dans les années 1990 : « Le Premier Américain entré à Péruwelz était … un Belge ».

 

Le dimanche 3 septembre au matin la 5th Armored Division (Victory) reçoit l’autorisation de passer la frontière. Sa mission : « nettoyer » les environs pour préparer l’arrivée de la 2ème Division Blindée US (Hell on Wheels) entrée à Rumes et des troupes anglaises (dans les plans d’Etat-Major notre région devait être libérée par les troupes anglaises « Opération Lynet » un parachutage est même prévu… Le rapide retrait Allemand permet aux Américains d’arriver les premiers…).

 

Un bataillon de « Tank Destroyer » (le 628ème Chasseur de Chars) est attaché à la 5ème Division Blindée. James W. CARROLL y est éclaireur. Il entre à Bonsecours le dimanche 3 septembre vers 10h30 puis repart faire rapport et reçoit l’ordre de partir vers Péruwelz… C’est à ce moment que les Péruwelziens prennent les photos sur la place, à la rue Neuve Chaussée et au Pont à la Faulx…

 

La 5ème Division blindée « Victory » quitte la zone de Condé-Péruwelz le lundi 5 septembre au matin par Condé, Fresnes, Valenciennes pour se diriger vers Sedan et Luxembourg. Ils ne reviennent en Belgique que lors de la Bataille des Ardennes. Des éléments de la 5ème Division Blindée sont les premiers à entrer en Allemagne, brisant la « Siegfried Line le 12 septembre à Walendorf…

 

La 2nd Armored Division (Hell on Wheels) arrive seulement le lundi 5 septembre, de Rumes et Tournai. Cette Division Blindées se dirige ensuite vers le nord de Mons et Liège… Mons est libéré par la 3rd  Armored Division (Spearhead) et la 1st Infantry Division (Big Red One) le 2 septembre 1944.

 

Dans le grand enthousiasme de la Victoire les Péruwelziens de l’époque n’ont retenu que « l’éclaireur motocycliste et les Américains venant de Rumes… ». Ce n’est qu’en 1995, avec le retour de James Carroll que « La Libération » est précisée.

 

En septembre 1944, une troupe de blindes américains fait étape à wiers et installe son campement au lieu-dit des cingles (au centre du village). Les soldats sympathisent avec les habitants et le matériel était craché sous des feuillages. Une nuit, le convoi prend la direction des Ardennes.