Les réseaux - résistance

Après juillet 1940, les personnes qui veulent s’opposer à l'occupant, constituent des petits groupes de résistants. Au fil des mois, ils tentent de se « faire reconnaître » par des groupes plus officiels.

 

Sur le Péruwelzis, les groupes de résistance ont organisé une presse clandestine et ont hébergé une quarantaine de juifs ainsi que des Russes évadés et des aviateurs (américains, anglais et canadiens). Ils ont fourni de nombreuses informations aux divers services de renseignements et ont participé à des sabotages.

 

Mouvements issus de l’armée belge

Après la « campagne des 18 jours », les militaires de l’armée belge qui échappent à la captivité, se regroupent en deux mouvements de la « résistance intérieure belge » : la « Légion belge » et « l'Armée belge reconstituée ».

 

L'Armée belge reconstituée

 

L'Armée belge reconstituée est fondée par le Colonel de réserve Robert Lentz (1885-1949). Son but est de reconstituer dans la clandestinité l'armée belge défaite et de poursuivre le combat contre les Allemands. En juin 1941, le groupe fusionne avec la Légion belge et en porte le nom.

 

La Phalange

 

Membre du parti Rex, Xavier de Grunne n’est pas d’accord de suivre la position ultra-neutraliste défendue par le Roi Léopold III. Il veut voir Rex et la Belgique se ranger aux côtés des Français et des Britanniques. En septembre 1940, il fonde un mouvement politico-militaire dont les effectifs sont également issus de l’armée. La Phalange est absorbée par l’Armée Belge en mars 1941. Arrêté par les Allemands, il meurt en déportation.

 

La Légion belge

 

Ignorant que le Colonel Robert Lentz met en place l'Armée belge reconstituée, le Capitaine-Commandant, Charles Claser (décédé au camp de concentration nazi de Gross-Rosen, le 12 décembre 1944), crée, durant l’été 1940, les bases de la Légion belge. Elle se compose d’officiers de l’armée belge. En juillet 1941, ils sont rejoints par l'Armée belge reconstituée.

De nombreux membres de l'organisation sont clairement identifiés très à droite comme le fasciste belge Paul Hoornaert (arrêté et déporté au camp de Breendonk où il y meurt). Des rexistes agissent également dans ce groupe. Ces derniers préfèrent instaurer en Belgique un État indépendant fasciste sous le commandement du roi, Léopold III, plutôt que d'être un État satellite du Troisième Reich.

 

Fin 1941, la Légion belge est devenue un groupement bien organisé avec des chefs à tous les échelons et des éléments répartis sur tout le territoire.

 

Membres actifs du Péruwelzis qui œuvrent officiellement au sein de ce mouvement : le bourgmestre élu de Wiers, Charles Rousseau, dès 1941.

 

« Armée de Belgique »

 

A la mi-décembre 1942, le Colonel, Jules Bastin, reste le seul à la tête de la Légion Belge. Pour affirmer le caractère régulier du groupe, il change son appellation pour « Armée de Belgique » puis « Armée Belge Secrète ». Il regroupe un maximum de cellules sous sa coupe et structure les effectifs sur le terrain. Ce mouvement entretient des échanges avec les membres du gouvernement belge.

 

Après l’arrestation Jules Bastin, le Général Ivan Gérard prend le commandement (24 novembre 1943). Le Général Pire devient chef de la Zone I (Hainaut) car on estime que c’est sur cette partie du territoire que vont se dérouler les opérations les plus importantes de la libération par les alliés. Dès mars 1944, il structure la zone en plaçant des responsables à la tête des Secteurs et des Refuges. Cette période de gestation se termine le 1er juin 1944.

 

 « L’Armée Secrète »

 

Le 1er juin 1944, le groupe de résistance « Armée de Belgique » devient d'Armée Secrète (A.S.). Le gouvernement de Londres lui confère un statut militaire officiel qui la différencie des autres mouvements de Résistance. Le commandement est au Général Jules Pire. A partir de cette date, les opérations réellement actives débutent. Ils reçoivent les armes et les explosifs par parachutages.

 

Missions assignées par les Forces Alliées :

  • Disloquer le trafic ferroviaire et routier au jour J moins 10.
  • Harceler clandestinement les troupes allemandes.
  • Engager une lutte ouverte à condition de garder de larges possibilités de survie.
  • Assister les troupes alliées dans leur progression.
  • Empêcher les destructions destinées à couvrir la retraite des Allemands.

 

L’A.S. doit tenir le rôle de force de l'ordre afin d'assurer la stabilité nationale dès lors que les occupants auraient été chassés du territoire par les alliés. Les autres mouvements de résistance doivent être désarmés pour éviter toute tentative de coup d’état.

 

Sur le Péruwelzis

 

En 1940, l’abbé Dropsy, professeur au collège de Kain, constitue un groupe « Légion Belge » sur Tournai (groupement T14). Fin septembre 1940, les grandes lignes d’un service de renseignements sont mises en place. À partir de septembre 1943, il reçoit l’ordre d’organiser les troupes de son secteur en compagnies, pelotons, sections…

 

Le Péruwelzis est situé :

  • dans la Zone I (Hainaut)
  • Secteur A (Tournai-Ath-Mons)
  • Refuge A30 (le Tournaisis et le Borinage)
  • le Groupe G98 (Péruwelz-Wiers)

Les missions du Refuge A30 consistent à rassembler les renseignements sur les mouvements de troupes allemandes ; à apporter une aide aux réfractaires ; à organiser une presse clandestine. Sur notre territoire (Péruwelz-Wiers), ils éditent « Le Barbelé ».

 

Le Refuge A30 doit permettre le séjour de 500 hommes, sans être remarqué, ainsi que d’une « dropping zone » (plaine de parachutage). L’une d’elles se situent à Brasménil et va être utilisée au moins une fois. Le plan prévoie d’occuper les Refuges au moment où les Alliés sont proches de la frontière. Une fois armées, les troupes secrètes sont sous le commandement allié et doivent attaquer certains objectifs.

 

Plusieurs opérations de sabotage sont organisées en 1944 sur notre zone : destruction de 320 mètres de rails à Callenelle avec 7 kg d’explosif (12 juin) ; destruction de deux aiguillages à Callenelle (17 juin) ; destruction d’une plaque-tournante à la gare de Péruwelz (début juillet) et destruction d’un aiguillage à Péruwelz (août).

 

Par manque d’armes, les opérations de type militaire sont limitées. Le combat le plus important pour ce groupe a lieu à la « Barrière de Bury » avec des soldats en retraite (septembre 1944). Emile Baijot y perd la vie et treize allemands sont faits prisonniers.

 

On évoque régulièrement le « Réseau Clovis » sur Wiers. Il s’agit du nom du docteur Delcoigne (habite Wiers) qui dirige le Groupe G98 (Péruwelz-Wiers).

 

Membres identifiés décédés en opération :

  • BERTON Walter (1916-1945)
  • Emile Baijot (chef sur le secteur Péruwelz/Bonsecours)
  • MATTON Victor (1916-1944).
  • MONTIGNIES Emile (1922-1944) 
  • MEGENS Emmanuel (1920-1945) - Armée Secrète « Espadon » et habite Bonsecours 

 

Mouvements issus de civils

« La Phalange Blanche »

 

La « Phalange Blanche » est un groupe régional de résistance du Nord de la France et du Hainaut belge dirigé par Paul Houbar (un jeune Ixellois ayant résidé à Bonsecours) et Robert Lelong (mécanicien à Ellignies-Sainte-Anne). Ils se nomment « Houbar-Lelong » puis de « La Phalange Blanche ». Ils se sont peut-être rencontrés au moment où ils tentent tous les deux de rejoindre l’Angleterre.

 

En août 1941, ils passent à une activité plus violente en organisant et exécutant trois activités punitives sur des rexistes. Lors d’une opération, deux policiers allemands sont tués ce qui engage une enquête des SS. Plusieurs membres du réseau sont interpellés : François Depoitre est arrêté (déporté, il meurt à Mauthausen) ; trahi Robert Lelong se cache à Brasménil avant de se suicider pour éviter d’être pris (le 24 novembre 1941) et Paul Houbar, lui aussi trahi, est arrêté, déporté puis décapité à Dortmund (10 mars 1944).

 

Ce mouvement n’a rien de commun avec la « Phalange » de Xavier de Grunne. L’abbé Dropsy a probablement recruté Robert Lelong (octobre-novembre 1941) mais ce dernier n’a pas fusionné son mouvement avec la « Phalange Blanche ». Cette fusion des anciens membres échappés aux arrestations d’octobre 1941 ne s’est faite qu’en mars 1942.

 

Membre décédé en opération : Robert Lelong (monument commémoratif à Brasménil).

 

« Mouvement National Royaliste »

 

Issu de l'extrême droite, le Mouvement National Royaliste est fondé à Aarschot par Lucien et Julien Meyer qui dirigent les milices et les jeunesses rexistes. Son objectif est la création d'un régime autoritaire placé sous l'autorité de Léopold III. En février 1941, le groupe refuse la fusion avec la « Ligue nationale flamande » et rompt avec le mouvement Rex.

 

En mai 1942, le Général Ernest Graff prend la direction du mouvement et donne des orientations plus nettement marquées "anti-allemandes". Ils prennent, sans ambiguïté, part à la résistance : évacuation de pilotes alliés, aide à des familles juives entrées dans la clandestinité, sabotages et participation au côté de l'Armée secrète à la mise au point d'un plan d'action en vue de la libération.

 

Sur le Péruwelzis

 

Démissionné de ses fonctions de bourgmestre (mars 1942), le général Boël quitte Roucourt pour s’installer à Bruxelles où il devient commandant en second du « Mouvement National Royaliste ».

Son fils, le lieutenant, Louis Boël, est un membre actif du réseau. Avec une quarantaine d’autres résistants, il est arrêté par la Gestapo le 30 avril 1943 (décède le 21 février 1945 dans le camp de Dora-Mittelbau).

 

Front de l'Indépendance

 

Après l’Armée Secrète, le Front de l'Indépendance (F.I.) est le plus important mouvement de Résistance en Belgique. Il rassemble dix-sept associations clandestines, dont deux formations armées : les Partisans armés (P.A.) et les Milices patriotiques. Ses fondateurs (15 mars 1941) sont le journaliste Fernand Demany, le Dr Albert Marteaux et l'abbé Boland.

 

Le F.I. n'est pas un parti mais un mouvement qui se donne pour tâche de grouper les divers partis et organisations qui entendent lutter contre l'occupant allemand. Dans de nombreux esprits, ils ont la réputation d’avoir été dominés par le parti communiste. Pourtant ce dernier ne sera jamais majoritaire au sein du comité national.

 

Il faut dire que les « durs » de l'action directe contre l'ennemi à savoir les Partisans Armés, comptent beaucoup de communistes. Cela s’explique par le besoin d'engager des hommes expérimentés dans des opérations de type « commando ». Beaucoup d’anciens volontaires de la guerre d’Espagne combattent au sein des F.I.

 

En 1942-1943, le Front de l'Indépendance est à l'origine de la mission de Victor Martin à Auschwitz. Ce sociologue revient avec un rapport sur le sort des Juifs déportés de Belgique qui permet à la Résistance belge de prendre conscience de la signification exacte des déportations. Trois mille enfants juifs sont ainsi cachés et sauvés en Belgique.

 

Dès le 5 septembre 1944, le bureau national du F.I. proclame : « La Résistance doit être associée au maintien de l'ordre ». Tout doit être mis en œuvre pour faire échouer tout essai de coup d'État ou l'instauration d'un régime autoritaire ou dictatorial. Une grande manifestation est même organisée le 25 novembre 1944 à Bruxelles car le gouvernement refuse d’incorporer à l'armée des unités constituées du Front de l'Indépendance. Une grève est déclenchée les 28 et 29 novembre. Malgré cela, les résistants sont désarmés le 19 décembre 1944.

 

Le mouvement est dissout en 1945.

 

De nombreux résistants sont d'abord membres du F.I. avant d'adhérer plus officiellement à un groupe.

 

Les Partisans Armés (en lien avec le Front de l'Indépendance).

 

L'Armée belge des Partisans est en lien avec le Parti communiste de Belgique car certains membres ont fait la « Guerre d’Espagne » contre le fachiste Franco. Les Partisans Armés passent directement à l’action armée à travers des sabotages d’usines ou des attentats sur les collaborateurs. Le Front de l'indépendance seconde régulièrement les efforts des Partisans Armés, notamment en apportant des éléments de réserve. Ces derniers sont d’abord formés dans les « Milices Patriotiques ». En 1941, le Front de l'Indépendance fusionne avec l'Armée belge des Partisans.

 

Sur le Péruwelzis

  • Le « corps 21 » (commandant est -   Raymond Bachy dit Roland).
  • Le « Corps 70 » des P.A.

L’organisation des courriers sur base du schéma de Freddy Willocq (les sources) :

 

Il y a 2 personnes de « commandement avec courrier principal » sur le Péruwelzis :

  • « Prudence-Edith » (Wiers/Callenelle).
  • « Marthe » sur Péruwelz qui transmet à 3 personnes « commandement » : Scarlett (Péruwelz : Emilia Bachy), Roland (Péruwelz : Raymond Bachy) et Alfreda (Quevaucamps)

 

Membres identifiés décédés en opération :

  • DUBOIS Emile (1914-1944)
  • Lambert Gabriel (Péruwelz, en cours d’opérations, 1944).
  • MARLOT Alphonse (1919-1944) : tué par balle le 1er septembre 1944.
  • MARLIER Albert dit Thomas (1946) des suites de sa captivité.
  • WACHEL François (1914-1944)

Membres actifs du réseau :

  • Raymond Bachy (dit Roland, -1987) est commandant du « corps 21 » des Partisans Armés.
  • Emilia Bachy (dite Scarlett, 1915-1985) est l’intendante du « corps 21 », dirige 24 courriers et assure les liaisons entre les compagnies et le commandant national. A la libération, elle est nommée chef d’Etat-Major au château de la Roseraie où est caserné le régiment des Partisans Armés.
  • Bien d’autres Partisans agissent comme Claude Bachy (dit Abel), Emile Leroy (dit milo), Odette Petillon…

 

Ce groupe réalisent de nombreuses actions de sabotages et de représailles tant sur l’occupant allemand que sur les rexistes. A la veille de la libération de la Belgique, ils reçoivent l’ordre des Anglais de détruire un atelier de réparation à la rue Castiau (Péruwelz).

 

La cohabitation entre les réseaux de résistance n’est pas toujours harmonieuse. Ainsi, lors d’un parachutage prévu en septembre 1944 sur Brasménil et destiné pour l’Armée Secrète, le groupe des Partisans Armés prennent la cargaison avant les autres.

 

A la libération, le régiment des Partisans Armés prend le château de la Roseraie à Péruwelz alors occupé par les Allemands et ils y casernent le groupe. Il faut attendre plusieurs jours avant qu’ils ne déposent « les armes ».

 

Groupe G (« War Office »)

 

En janvier 1942, un petit groupe d'anciens étudiants de l'Université Libre de Bruxelles s’organise pour réceptionner des parachutages de matériel et d'hommes. Ils essaient de se regrouper sous le signe « War Office » ou « WO ». Tous cherchent ce lien avec la Grande-Bretagne, centre névralgique de la guerre.

 

Ce groupuscule initialement fort intellectuel va s’étoffer de centaines de personnes de tous les horizons. Jean Burgers en devient le premier commandant national sous le nom de Fernand Gérard qui donne son nom à l'organisation pour devenir le « Groupe G ».

 

Ce mouvement organise le sabotage des installations servant à l’ennemi très ciblés et soigneusement choisis en fonction d’un débarquement allié. Ses membres sont armés, non pour se livrer à la guérilla contre l’occupant mais bien pour se défendre et pour mener à bien les opérations de sabotage. Leur plus grande opération est le sabotage en janvier 1944 de pylônes à haute tension qui a privé les usines d’électricité jusque dans le bassin rhénan.

Ils ont également un service de renseignements très opérationnel ainsi qu’une filière d’évasion des prisonniers à Maransart dans le Brabant wallon (en particulier les évadés soviétiques).

 

Particulièrement visé par les Allemands, ces membres ont subi un lourd tribut : plus de 20% des effectifs ont perdu la vie. Au lendemain de la libération de la Belgique (automne 1944), Robert Leclercq a dissous le groupe G.

 

Sur le Péruwelzis

 

Il s’agit du secteur 31 - région Péruwelz-Leuze. Le commandant est Emile Delmeulle (dit Surcouf) qui est à l’origine de nombreux sabotages et assure l’évasion de nombreux aviateurs sur notre territoire.

 

Membres identifiés décédés en opération :

  • Hainaut Charles (chef de la cellule de Péruwelz du War-Office).
  • Fretin Arthur (chef de détachement du War-Office).
  • Marong André (soldat du War-Office).
  • Saudemont Hector (Callenelle). Pris lors d’une opération de parachutage durant la nuit du 31 août au 1er septembre 1944. Il est fusillé à Tournai le 2 septembre 1944.
  • DECOURTIS Louis-Joseph (1914-1944). Pris lors d’une opération de parachutage durant la nuit du 31 août au 1er septembre 1944. Il est fusillé à Tournai le 2 septembre 1944.
  • SAUDEMONT Hector (1910-1944)