Église Saint Géry à Roucourt

Origine de l’église.

 

Plusieurs hypothèses existent sur les origines de cette église.

 

La plus ancienne remonte à l’époque mérovingienne où on y aurait créé un oratoire. Plusieurs traditions rapportent la présence de saint Gery, évêque de cambrai (540-619) sur le territoire. A Bury, la fontaine saint Gery évoque sa présence pour prononcer des vœux afin de lutter contre les pratiques païennes.

 

L’autre hypothèse est l’édification, juste après les dévastations des vikings, d’une église dédiée à saint Géry par Gérard de Roussillon vers 850.

L’ensemble se tient. Il est fort probablement qu’un oratoire mérovingien se soit implanté sur site de culte gallo-romain. La tradition de l’existence d’une chapelle lors de la visite du pape Etienne II en Gaule en 754 est donc possible. Quant à celle de la reconstruction d’une église juste après les pillages des vikings va également dans ce sens.

 

Quoique plusieurs fois restaurée, l’église donne toujours cet aspect ancien. D’allure massive et trapue, l’édifice se situe sur le sommet du mont (47 m au seuil).

 

Datant du XIe siècle, la tour donne l’apparence d’une « église fortifiée » : les fenêtres semblent être d’anciennes archères. Le style roman est toujours visible dans les voûtes des ouvertures et les épais murs.

 

Toutefois, la structure est transformée au cours des siècles :

  • 1612 : reconstruction de la flèche.
  • 1741 : interventions sur le chœur à pans coupés et les bas-côtés.
  • 1926 : restauration complète dans un style roman suite aux explosions des bombes de 1918.

Classé comme monument historique par arrêté du 15 janvier 1936.

 

L'édifice.

Dans la nef centrale, nous observons quatre travées d’arcs brisés surmontés de fenêtres en plein cintre évidées. La voûte est constituée de briques creuses parfaitement ajustées et consolidée par un système d’arcs doubleaux et de nervures diagonales.

Les chapiteaux des colonnes sont de type scaldien, décorés de feuilles en pierre stylisées. La largeur du transept donne l’impression d’être face à un sanctuaire presque carré. Au bas-côté gauche, se trouve l’autel de la Vierge (statue attribuée au XVIIe siècle). Le bas-côté droit est réservé au culte de saint Adrien.

Saint Adrien et Roucourt.

 

Depuis plusieurs siècles, Saint Adrien y est fêté. Une neuvaine lui est dévolue le dimanche le plus proche du 8 septembre (date de translation des reliques de Byzance à Rome).

 

La tradition rapporte la présence de nombreux membres du clergé qui s’occupaient d’une église canoniale à Roucourt où étaient conservées des reliques de saint Adrien. Durant une période d’insécurité, Roucourt semble alors être victime d’un vol de reliques.

 

Saint Adrien.

 

Adrien est un ancien officier romain converti et martyrisé par l'empereur Maximien au début du IVe siècle à Nicomédie en Asie Mineure. On lui coupe les mains et les jambes. L’une des mains aurait été sauvée par Nathalie son épouse.

 

Les reliques auraient été transportées de Constantinople (Istanbul) à Rome puis de Rome au mont Odard (lieu non identifié) et ensuite à Raulicourt ou Roucourt.

 

On invoquait le saint pour être protégé de la peste, pour échapper aux maladies de la peau ou à une mort subite ou imprévue. De nos jours, les litanies font également allusion aux maladies de l’âme comme du corps et au rôle d’Adrien comme modèle des personnes mariées ou guide des voyageurs.

 

Selon la tradition.

 

Jacques de Guise (1ère moitié du XIVe siècle) rapporte que l’église de Roucourt aurait été édifiée par Gérard de Roussillon, comte de Bourgogne et de Nervie. Il aurait reçu les reliques par le pape Jean VIII (872-882).

 

Malheureusement, les manuscrits de la translation ont certainement été détruits. Ce qui est attesté, ce sont les nombreuses saintes reliques portées dans les Gaules et dans la Germanie aux VIIIe et IXe siècles. Nous pouvons donc affirmer que cette translation vers Roucourt a bien eu lieu durant le Haut Moyen Age.

 

Durant le Moyen Age, le culte de saint Adrien engendre l’établissement d’une chapelle, d’une procession et d’une confrérie (liée par une bulle du pape Clement VIII datée du 11 janvier 1602).

 

Vol ?

 

Durant une période de guerres, deux chanoines creusent une cachette sous l'autel pour y enfouir les reliques. Le secret est transmis et parvient à un certain Eubaldus qui dérobe les reliques et s'enfuit dans la nuit avec l'intention de les vendre.

 

Dans sa course, il perd un os du saint à la limite du village vers Péruwelz. Cet endroit fut longtemps marqué d'une croix en fer forgée "croix de st Adrien". L'os sera enchâssé en 1611 dans un bras-reliquaire.

 

Arrivé à Grammont, Eubaldus essaie de vendre aux moines puis au conseil de la ville. Le culte du saint y est célébré jusqu'à la révolution française moment où les moines partent avec les reliques à Viennes.

 

 

Détail de la chaire de vérité (église de Roucourt).

 

 

Cinq panneaux merveilleusement ouvragés de style gothique flamboyant. Cette pièce rarissime est datée par certains spécialistes du 15e siècle (entre 1430 et 1470).

 

 

 

 

Cette chaire a fait l’objet d’une réparation de fortune au XIXe siècle et ce n’est qu’en 1911, qu’elle est reconnue comme bijou inestimable.

 

 De gauche à droite, on voit les statuettes : Elie, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel et Jonas.

 

La représentation des panneaux :

  • la prédication de saint François (prêche aux animaux).
  • Jean-Baptiste annonce à ses disciples de l’arrivée du Messie.
  • le Christ en gloire au Jugement dernier.
  • la prédication de sainte Marthe.
  • la prédication de sainte Catherine d’Alexandrie.