La dénonciation
Le principal danger pour les Résistants vient des collaborateurs et des dénonciateurs. D’aucuns travaillent systématiquement pour l’ennemi, d’autres assouvissent des vengeances personnelles. De nombreuses arrestations sont ainsi opérées. Aux dires de beaucoup de témoins, certains rexistes [collabos] témoignent une haine et une cruauté plus féroces que les Allemands !
A partir de 1943, lorsque les événements militaires prirent une tournure favorable aux Alliés, les collaborateurs furent de moins en moins nombreux. Par contre, les éléments actifs de l’alliance avec l’ennemi, à savoir les hommes de Rex, frappèrent, eux, avec une sauvagerie sans cesse accrue, jusqu’aux derniers jours de l’occupation. Il est certain que le nazi recrute surtout la majorité de ses alliés dans les formations d’avant-guerre qui lui étaient favorables.
Il n’est donc pas étonnant que les Résistants, sentant qu’il s’agissait d’une question de vie ou de mort, pour eux, leurs proches et leurs services ne soient maintes fois chargés de supprimer ces misérables. Il est vrai aussi que l’Allemand incitait habilement ces mercenaires et ces lâches à exécuter leur vile besogne. Trop souvent, la délation portait ses fruits.
Dynamitage
La répression par dynamitage ne fut presque pas employée. La raison en est fort simple : le peu de dynamite volé dans les charbonnages et les charges de plastic reçues d’Angleterre devaient être employés en priorité contre les voies de communication empruntées par l’ennemi et contre les engins militaires.
Malgré ces obligations impérieuses, la Résistance se devait de veiller au moral du peuple asservi et les moyens utilisés pour redonner courage et espoir furent certes la presse clandestine, mais également des actes spectaculaires : l’exécution des traîtres et l’explosion de charges sur des immeubles appartenant à des collaborateurs. Ces faits se colportaient de bouche en bouche.
Une des rares tentatives de dynamitage de la maison d’un « collabo » se situa vers la fin de l’année 1943. Un commando composé de trois Résistants avait reçu pour mission de faire exploser une charge contre un immeuble situé sur la Grand-Place de Péruwelz.
Avant le départ, tous les gestes furent répétés et synchronisés. Les indispensables précautions de sécurité furent prises : plaques de vélo enlevées, remise de tous les objets personnels, portefeuille, carte d’identité, enfin tout ce qui aurait pu identifier l’un de ces garçons en cas de capture. Ils ne devaient posséder que le matériel de sabotage, les armes n’étaient pas nécessaires pour ce raid.
Aucune patrouille allemande en vue ! Ils pouvaient agir. Les deux premières opérations, présentation de la bombe et écrasement du détonateur, se firent sans difficulté. Par contre les ennuis commencèrent au moment d’allumer la baguette de phosphore avec bien entendu les allumettes de « guerre ». Après de nombreux essais infructueux, une allumette enfin enflamma la baguette.
La dernière opération fut brève, la bombe fut lancée à l’intérieur. Il restait au commando à s’enfuir rapidement en empruntant les chemins les plus divers avant de regagner prudemment leur base de départ. La bombe n’explosa pas ! L’exploit fut néanmoins largement commenté. Le but recherché avait été atteint.
Pont du Vermontois (Péruwelz)
Le 2 septembre 1944, présence d’un petit détachement allemand sur Péruwelz chargé de faire exploser tous les ponts. Pendant qu’ils détruisent le pont du Boustiau (Roucourt), Georges Dewolf et G. Nisolle enlève 54 boites d’explosif fixées sur le pont du Vermontois à Péruwelz. Craignant d’être attaqués, les soldats n’en ont pas replacées et quittent précipitamment Péruwelz. L’objectif des résistants est de maintenir en état un pont afin que les soldats alliés puissent franchir rapidement le canal.
Incidents de la Grand-place de Péruwelz
Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1944, les habitants entendent des fusillades. Les Partisans commencent l’épuration en arrêtant toutes les personnes qui portaient l’uniforme rexiste ou qui les hébergeaient. Ils sont amenés à l’Hôtel de Ville.
Les incidents de la Grand-place de Péruwelz : deux rexistes refusant de se rendre se sont barricadés dans leur maison. Quatre résistants sont restés de faction devant leur maison. Une cinquantaine de soldats allemands sont arrivés de la rue Albert Ier. Pensant qu’il s’agissait d’une patrouille d’alliés, ils se sont avancés et ont été mitraillés. Charles Hainaut (chef de secteur du War-Office) et André Marong (War-Office) meurent. Blessé, Arthur Fretin (sous-chef de secteur du war-office) fuit par la ruelle Petillon mais il est abattu près du patronage.
Pont du Boustiau (Roucourt)
La nuit du 2 au 3 septembre 1944. Le pont du Boustiau (Roucourt) est détruit. Les mouvements de résistance ont reçu l’instruction des alliés de sauver les voies de liaison pour éviter de retarder l’avancée des soldats.
Un groupe est de faction au pont-levis de Roucourt (près du château d’Arrondeau). Une estafette conduite par Pierre Donnez (groupe de la grand-place de Péruwelz) vient chercher du renfort pour faire face aux Allemands qui viennent d’abattre 3 résistants. Albert Procureur et Marcel Gailly sont envoyé en renfort. Vers 7h, un groupe de soldats allemands tentent de contourner l’usine de carrelages Petit pour prendre le pont à revers. Après un échange de tirs, ils se sont repliés dans le bois d’Arondeau puis ils ont rejoint Antoing. Les quatre résistants restés sur place sont Pierre Fastrez, François Lefebvre, Jules Delangre et Simon Delay.
Des Allemands dans le centre de Péruwelz.
Le 3 septembre, les soldats allemands ont constitué trois groupes et engagent des fusillades contre les résistants. Après s’être retranchés dans le parc communal et la gare, ils partent vers Roucourt et Braffe. Vers 11h, un Partisan parvient à enfoncer la porte. Les habitants se rendent. Vers 11h, gendarme Lupan est tué à Bonsecours puis vers 12h, Emile Baijot à la barrière de Bury. Plusieurs Allemands sont tués et cinq d’entre eux blessés sont à la clinique. Les troupes alliées positionnées à Condé se font attendre.
Prisonniers allemands à Wiers
Lors de la libération de Wiers, deux soldats allemands sont faits prisonniers. L’un d’eux est abattu sur le mur du cimetière.
Des mouvements de troupes américaines
La 1ere moto américaine arrive et se rend jusqu’à la barrière de la Neuve-Chaussée. Dans l’après-midi, une estafette fait à nouveau une reconnaissance de la route de Leuze. Les rexistes prisonniers sont montrés aux habitants puis sont obligés de saluer un camion rempli de prisonniers allemands.
Les Américains positionnent un grand nombre de blindés au Bocquet et au Mont de Péruwelz ainsi qu’à Bonsecours. Des camions remplis de résistants se rendent où les Allemands se cachent. D’importants heurts ont lieu dans le bois de Beloeil. Une batterie américaine se positionne au Bocquet et pilonne la position allemande toute la nuit.
Le 4 septembre, les Allemands font une importante incursion à Quevaucamps où ils tuent 17 personnes. Face à la menace d’une importante colonne allemande à Hergnies, les prisonniers politiques sont transférés à Tournai et les soldats américains, encore privés de leur infanterie, se replie sur Valenciennes. Au soulagement des habitants, des troupes anglaises arrivent à Bury. Quelques plus tard, les forces armées alliées franchissent la frontière avec d’importants moyens (tanks, camions de ravitaillement et de troupes…).
Décès de BAIJOT Émile (version du Dr Delcoigne, chef du réseau)
Le 3 septembre 1944.
Émile BAIJOT, chef de section de l’Armée Secrète, se trouve à la Barrière de Bury avec un contingent qu’il avait réparti à droite et à gauche de la route (R. Mériaux, J. Hermal, Max, M. Godeau, Léon Nisole, E. Gilliot, A. Leclercq, F. Bataille, B. Schuster, R. Marchetti et A. Demarlier).
Une section de génie allemand arrive de Basècles et se dirige vers Tournai. Arrivés à 150 mètres des uniformes clairs de l’Armée Secrète, les Allemands se sont arrêtés indécis. Ils poursuivent leur approche l’arme à la main. A quelques 70 de mètres, ils ouvrent le feu sur les résistants. Deux Allemands sont tués et les autres se précipitent dans les fossés bordant la route.
Comme la situation risquée de durée, Emile Baijot décide une diversion à l’arrière des Allemands. Il part avec R. Mériaux pour surprendre les soldats. Il passe le mur de la ferme Jonniaux et progresse à plat ventre. L’un des Allemands en embuscade derrière le mur, l’abattit (une balle explosive dans le cou). Le docteur Lombart (Roucourt) se rendit immédiatement sur place mais il ne put constater que le décès.
Les Allemands s’enfuirent vers Leuze.